Lettre d'une blonde
Cher fils,
Je t'écris ces lignes pour que tu saches que je t'écris. Alors, si tu reçois cette lettre, c'est qu'elle est bien arrivée. Si tu ne la reçois pas, tu me préviens pour que je te la renvoie.
Je t'écris lentement parce que je sais que tu ne lis pas très vite.
Le temps ici n'est pas trop mauvais. La semaine dernière il a plu seulement deux fois. La première fois, la pluie a duré 3 jours, la deuxième fois 4 jours.
A propos de la veste que tu voulais, ton oncle Pierre m'a dit que si nous te l'envoyions avec les boutons, comme ils sont lourds, ça coûterait plus cher; alors, nous avons enlevé les boutons et les avons mis dans la poche.
Le médecin est venu à la maison pour voir si nous étions bien et il m'a mis un tube en verre dans la bouche. Il m'a dit de la fermer pendant 10 minutes, ton père lui a proposé de lui racheter le tube. Et puisqu'on parle de ton père, je t'annonce qu'il a du travail, il en est fier, il travaille au-dessus d'à peu près 500 personnes. Il l'ont pris pour couper le gazon dans le cimetière.
Ta soeur Julie, celle qui s'est mariée avec son mari, elle a enfin mis au monde, mais on ne sait pas encore le sexe, je ne saurais pas te dire si tu es oncle ou tante.
Ton père a demandé à ta soeur Lucie si elle est enceinte, elle lui a dit que oui, de 5 mois déjà; mais là, ton père a demandé si elle était sûre qu'il était d'elle. Lucie lui a dit que oui. Quelle fille solide, quelle fierté, tel père telle fille. Par contre, on n'a plus revu l'oncle Isidore, celui qui est mort l'année dernière. Mais ton frère Jeannot, c'est pire. Il a fermé la voiture et il a laissé les clefs à l'intérieur. Il a dû aller chez lui chercher le double pour pouvoir nous sortir tous de là.
Bon, mon fils, si tu vois Marguerite, passe lui le bonjour. Si tu ne la vois pas, ne lui dis rien.
Ta mère qui t'adore, Antoinette.
P.S. J'allais te mettre quelques sous, mais j'ai déjà fermé l'enveloppe.