Les grands mystères de la création

La question a hanté les exégètes depuis des millénaires. Ils ont retourné la Bible dans tous les sens, ont tenté de découvrir des symboles cachés derrière chaque parabole, jamais aucun de ces savants ne put répondre à la question pourtant essentielle : « Pourquoi Dieu nous a-t-il mis une zone érogène dans le trou du cul ? » On comprend que, généreux, le créateur ait dispersé sur notre peau des quartiers de plaisirs. Sur les seins, le pénis et le vagin, cela paraît évident et purement utilitaire. Le clitoris pose question, mais on peut admettre que, pris par l’enthousiasme de la création, Yahvé se soit laissé aller à cette fantaisie par souci de proximité et d’aisance. Mais l’anus… là, excusez moi, je ne pige pas.
On pourrait accepter un petit quelque chose de plaisant dans la zone incriminée, histoire de déféquer avec le sourire, mais cela ne justifierait pas les millions de coups dans le borgne que l’humanité se file chaque jour en éructant de bonheur. Ce choix rectal est d’autant plus paradoxal que c’est ce même Dieu, pourtant passablement pervers, qui fit tout un fromage autour de Sodome et Gomorrhe au prétexte fallacieux que l’on ne détestait pas s’y faire empapaouter le fignard. Deux villes certainement très belles qui, à cause de cette mauvaise renommée, n’ont jamais pu devenir des destinations touristiques. Qui oserait en effet se rendre dans son agence de voyages pour acheter un billet d’avion pour Sodome ? Que l’on ne se méprenne pas, je ne me plains aucunement d’être sensible du beurrier. Bien au contraire, la découverte tardive de cette nouvelle géographie de mes plaisirs intimes ne m’a apporté que des satisfactions. Mais si l’homme est ravi, le chercheur, lui, est déçu, car comment admettre que pour ces architectures parfaites que sont ève et Adam, il y ait une salle de bal en plein milieu des chiottes ?  Non, il faut se rendre à l’évidence, sur ce coup-là, Dieu a merdé…

Un article d'Etienne Liebig paru dans  La Meche n°1