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5 mai 2011

Olé, l’Unesco !!!

sibilleLa tauromachie a été inscrite au patrimoine immatériel au même titre que la tarte Tatin, le fest-noz et les parfumeurs de Grasse. Les aficionados qualifient cette décision d’”historique”. Les anti-corridas se disent “choqués”. Vendredi dernier 22 avril, à Arles, le président de l’Observatoire national des cultures taurines a annoncé cette “reconnaissance” de la tauromachie, confirmée par le ministère de la Culture qui avait donné un avis favorable à cette inscription au mois de janvier.  “La France devient le premier pays taurin à réaliser ce geste”, a dit André Viard.

Je ne savais pas que j’habitais un pays taurin, tout au plus un pays manifestant parfois la fameuse bêtise au cou de taureau, surtout à l’occasion d’élections plus ou moins locales, car je suis tout sauf démocrate, mais je sais par contre qu’André Viard est un torero raté, admirez au passage la redondance du pléonasme, qui n’avait par conséquent guère d’autre ambition possible que devenir journaliste taurin. “Cette mesure constitue la reconnaissance, par l’instance compétente, de la dimension culturelle de la tauromachie telle qu’elle se pratique et telle qu’elle est vécue dans notre pays par les professionnels et par les amateurs qui composent le monde taurin français.” On rappellera au passage que dans le monde taurin non français, mais limitrophe du sud, considéré comme plus accro à cette mort donnée en spectacle, la corrida recule, Barcelone elle-même lui ayant porté l’estocade en juillet dernier.

Moi, je suis horrifié. Comme doit l’être à mon avis toute personne humaine normalement constituée, c’est-à-dire qui a du mal à considérer comme culturelle l’idée qu’on scie à vif les cornes d’un animal, opération appelée « afeitado », et qui dure une vingtaine de minutes, (et qui doit lui procurer à peu près la même jouissance que la roulette sans anesthésie sur une dent saine, pour ceux qui ont vu « marathon man »), pour le rendre moins dangereux quand il sera malgré lui mis en face du tortionnaire à écailles multicolores, puis qu’on le transporte en l’enfermant vingt heures durant dans un caisson en bois de moins de deux mètres carrés, sans doute pour le rendre plus réceptif aux arguments humanitaires du bourreau à muleta, puis qu’on le shoote aux tranquillisants, pour que l’handicapé affectif déguisé en maquereau de ligne ait sa chance, qu’on le perce en divers endroits à l’aide d’une lance extrêmement affutée d’une vingtaine de centimètres qui va, par le fouillage délicat de la plaie, lui cisailler les ligaments de la nuque et le contraindre à baisser la tête, puis qu’on l’embroche de six très seyants bâtons ornés de bandelettes de papier coloré et munis de harpons en acier coupant de 6 cm de long et 1,6 cm de large, nommés banderilles, sans doute pour rompre une certaine monotonie dans le déroulement du spectacle, qu’on le mette à mort, mais souvent par de multiples coups d’épée, faut pas déconner non plus, l’amateur d’art et de culture doit rentabiliser sa pulsion sadique anale, et l’amatrice humecter copieusement la muleta qui lui sert de protège-slip. Puis, enfin, mesdames et messieurs, la chute de la pièce de théâtre coïncide avec celle, à genoux, de l’acteur au premier rôle outragé, brisé, martyrisé, mais enfin libéré par le sectionnement de son bulbe rachidien à l’aide d’une dague de 20 cm, la puntilla. Personnage principal qui sera donc pourtant et dramatiquement privé de salut avant que tombe le rideau, ainsi va la dure vie d’intermittent cornu du spectacle.
Et encore, là, j’ai été soft, je ne parle que d’une corrida « standard », et je ne parle que des taureaux, pas des malheureux chevaux ; Les “anti-corrida” dénoncent la caution du ministère de la culture. “Notre gouvernement est le seul à reconnaître au patrimoine immatériel français une activité réprimée par le code pénal partout dans l’hexagone, excepté, par dérogation, dans certaines localités”, s’est indigné dans un communiqué l’Alliance Anticorrida, qui a qualifié de “honteuse” cette décision.

Les adversaires de la corrida dénoncent l’aval donné par le ministère de la culture comme une première étape, les candidats éventuels au patrimoine de l’Unesco devant être inscrits, dans un premier temps, au patrimoine national de leur pays. Quant à moi, je reprendrai à mon compte l’aphorisme du génial Patrick Font, qui à dit, dans son infinie bonté : « pourquoi dieu, qui a fait deux cornes au taureau, n’a-t-il pas fait deux trous du cul au torero ? »

Christophe Sibille pour Le coq des Bruyères

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