Jeu du Foulard...attention danger

Vingt-cinq visages candides et rayonnants. Des visages d'enfants regroupés dans une affiche qui défilent en ce moment à la télévision. Avec comme message laconique et effrayant : « Ils ont joué au jeu du foulard. Ils en sont morts, comme des centaines d'autres. Arrêtons ce désastre ». Le spot de la campagne d'alerte diffusé sur M6 depuis janvier et au sein du groupe TF1 depuis deux jours a été conçu par l'Association de Parents d'Enfants Accidentés par Strangulation (APEAS) créée en 2002 et présidée par Françoise Cochet domiciliée à Ormes dans la Bresse.
Un petit film de soixante secondes qui devrait être également repris sur France 2 et des chaînes du câble afin de briser le tabou de ce jeu dangereux et distiller une information pour dire que le drame n'arrive pas qu'aux enfants des autres.
« Ce spot, c'est une nouvelle étape, c'était temps après une inertie incroyable notamment de l'Éducation Nationale sauf à l'Académie de Mâcon qui a fait le boulot. On n'en revient pas de constater des avancées extraordinaires mais elles sont dues à la mort, encore, d'enfants », commente la présidente nationale, Françoise Cochet qui a perdu son fils Nicolas âgé de 14 ans en 2000.
Le « jeu du foulard » est un étranglement volontaire, réalisé seul ou à plusieurs, dont « l'objectif » est de vivre une expérience, de connaître des sensations nouvelles. Le principe consiste à un blocage de la respiration, seule la non-oxygénation du cerveau procure alors une sensation de bien-être. Un évanouissement se produit, précédé de sensations de type hallucinatoire. Une forme primaire de ce « jeu » est celui dit de « la tomate » dans lequel les enfants jouent à retenir leur respiration le plus longtemps possible, ce qui peut également provoquer une syncope.
Répandue dans le monde entier, la pratique du « jeu du foulard » est difficile à détecter car il ne s'agit pas d'un comportement violent ou suicidaire, mais simplement d'un jeu dangereux. Il touche principalement un public d'enfants et d'adolescents de 4 à 20 ans, garçons et filles de tout niveau social. « L'initiation » débute souvent en primaire, parfois en maternelle.
Face à ce drame, parents, éducateurs, enseignants ont une seule arme efficace à leur disposition : la prévention. Les premières évocations d'accidents datent des années 1950. Depuis 2000, une moyenne de dix décès est recensée chaque année en France par l'APEAS qui n'a pas connaissance de l'ensemble des cas. « On veut que les familles se rendent compte que ça peut toucher des enfants sages ou agités. On en a assez à l'association d'apprendre que des enfants sont morts à cause du manque d'information. On espérait que les pouvoirs publics auraient repris de manière plus sérieuse ce problème, ils l'ont sous-estimé », ajoute la présidente.
Françoise Cochet actuellement à Paris -ville où elle a transféré d'Ormes le siège social de l'association- pour mener une action de sensibilisation dans des collèges se dit épuisée par son long combat de six années et demi, celui d'une mère mitraillée par la souffrance de la perte de son enfant et d'une présidente courageuse qui veut secouer les pouvoirs publics sur la nécessité de porter les efforts sur la prévention. « J'espère qu'on arrive au bout. Le premier objectif était de transmettre les données aux pouvoirs publics et notre deuxième but, le plus important pour nous, les familles, c'est de se rencontrer pour partager nos épreuves », note cette ancienne pharmacienne de l'industrie largement soutenue dans ses actions par son ancien employeur, Sanofi-Aventis.
Elle partira le 23 mars aux États-Unis pour rencontrer des familles américaines, accompagnée d'un cinéaste qui prépare un film-documentaire sur le sujet. Ce voyage outre-atlantique permettra de donner un essor international à son action car le jeu du foulard se propage aussi au-delà des frontières.
Emmanuelle Bouland

Chanson : L'ivresse des cimes
Chanson : Le rêve indien
Le clip :