Le journal d’une curée de campagne

3 avril 2012

A l’heure où une association de parents d’élèves invite à une quinzaine sans devoirs, un papa se penche avec amour pour jeter un œil sur la scolarité de sa fille Marine mais comme il est borgne, il devient momentanément aveugle. Or, si Jean-Marie Le Pen surveille de près les devoirs électoraux de sa chère petite tête blonde, c’est que ces résultats ne sont pas fameux. Elle est en train de rétrograder à la quatrième place de la classe, la fifille, et, si la France reçoit les encouragements en voyant le tableau d’horreur de la fille Le Pen s’éloigner, c’est Jean-Luc Mélenchon qui risque de se récupérer les félicitations et François Bayrou le bonnet d’âne ! En ce printemps des prix, le papa s’inquiète. Pourtant, ce n’est pas demain la veille qu’elle sera en retenue, Marine, mais bon, on imagine quand même le vieil homme redoublant de conseils :
En grammaire : Ne pas oublier que tous les noms commençant par Mohamed s’accordent avec le complément d’expulsion direct quand il est placé avant la frontière.
En histoire : Toujours bien commencer ses devoirs par : « Nos ancêtres les Allemands… »
En conjugaison : Apprendre le verbe : « expulser par tous les temps ».
En poésie : Réciter le poème d’Apollinaire : « Sous le pont Mirabeau coule la haine. »
Hélas, tous les efforts du consciencieux papa risquent forts d’être inutiles car le problème, ce n’est pas que la petite travaille mal, c’est que tout le monde copie sur elle. Sa jolie rédaction sur la peur a été reprise par tous ses petits camarades qui savent bien que c’est le meilleur moyen d’avoir ce fameux vingt sur vingt qui permettra, une fois élu, d’être vain sur vain, et la sécurité est revenue au cœur de la campagne qui, après avoir été suspendue, s’est remise à voguer au gré des sondages comme si de rien n’était alors que tous avaient juré que rien ne serait plus comme avant. « Toulouse marquera un tournant dans la campagne », répétaient en cœur les chroniqueurs, et je veux bien les croire ; ça fait des mois qu’une dizaine de candidats nous endort et, tout à coup, un forcené nous tient en éveil pendant 32h00 ! Trente deux heures retranché dans sa salle de bain, le mec. Je te lui aurai envoyé DSK en peignoir, moi, t’aurais vu que 5 minutes après il était dans le couloir M&M. Non mais c’est vrai, quoi ! C’est pas pour dire de polémiquer sur la polémique de ceux qui ne voulaient pas polémiquer parce que l’heure n’était pas à la polémique, mais 32 heures, ça fait long, même en heure d’hiver. Alors heureusement, depuis, Nicolas Sarkozy a traité François Hollande de nul, en « off » pour pas qu’on le rapporte, mais pour qu’on le répète, ce qui a suscité la réaction des socialistes qui ont répondu en disant qu’ils ne voulaient pas répondre pour pas qu’on dise qu’ils avaient répondu… Bref, dans la cour de récréation, la politique a enfin repris ses droits !